L’Assurance Paramétrique
editQu’est-ce que c’est ?
L’assurance paramétrique a été créée il y a un peu plus de vingt ans pour répondre à des problématiques concernant les sinistres d’origine météorologique. Ces derniers sont soit indemnisés trop longtemps après leur survenance, soit ne sont pas du tout couverts. Le but de ce nouveau modèle d’assurance est donc de pouvoir détecter rapidement la survenance des sinistres d’origine météorologique et de permettre une indemnisation de l’assuré sous quelques jours seulement.
Le principe de l’assurance paramétrique repose sur l’utilisation de capteurs (sur des satellites, drones ou objets connectés) qui viennent collecter des données en temps réel. Ces données peuvent être de plusieurs natures (pluviométrie, sismologie, rendement, température, …) et permettent de déclencher des alertes en cas d’anomalie ou situations « hors norme ».
Pour exemple, en cas d’ouragan, les capteurs récolteront les données de vitesse des vents, qui, s’ils dépassent l’un des seuils préconisés, déclencheront une anomalie qui remontera à l’assureur. Un dossier sinistre sera alors ouvert et débloquera en quelques jours une indemnisation plafonnée proportionnelle au préjudice subi par l’assuré.
L’utilisation de la technologie dans le domaine assurantiel a de multiples avantages. Du côté de l’assuré : il bénéficie de délais de règlement largement raccourcis (2 à 5 jours en moyenne contre 18 mois chez les assureurs traditionnels), d’une indemnisation forfaitaire basée sur son profil et transparente dès la souscription du contrat.
Du côté des assureurs : l’assurance paramétrique permet d’avoir une remontée d’information factuelle, incontestable et immédiate, évitant d’avoir recours à un expert. En somme : un meilleur regard sur les déclarations, limitant ainsi la fraude.
Les premiers tests grandeur nature de ce système novateur ont été réalisés dans le domaine de l’agriculture – où le besoin d’indemniser rapidement est essentiel – et plus précisément dans les régions du monde en voie de développement (Afrique, Asie, Pacifique, …). Il s’exporte depuis de plus en plus et s’étend sur des secteurs d’activité plus variés.
Bien que peu connue à l’heure actuelle en France, l’assurance paramétrique se voit promettre une plus grande généralisation dans de nouveaux secteurs à l’avenir. Cependant, à ce jour, il n’existe aucune règlementation ou législation spécifique à ce type d’assurance, ce sont les principes généraux du droit des assurances qui s’appliquent. L’indemnisation ne pouvant dépasser le préjudice subi, un plafonnement est établi. En cas de sinistre, l’indemnité versée correspondra à la plus faible de ces deux sommes (plafond ou préjudice). Post indemnisation, l’assuré sera tenu de produire les justificatifs permettant d’estimer le préjudice réel. Néanmoins, à des fins de conserver la rapidité d’indemnisation propre à ce type d’assurance, l’indemnité forfaitaire sera directement versée à l’assuré et ajustée lors de la présentation des justificatifs. L’assuré sera alors tenu de rembourser la différence ou percevoir un complément d’indemnisation.
Ce sont bien généralement des start-ups ou des réassureurs qui se sont positionnés en précurseurs sur ce secteur d’activité, à l’instar de Descartes Underwriting (start-up d’assurtech française), de Swiss Re (réassureur) ou encore de l’américain Jumpstart (spécialisé dans les séismes). D’autres assureurs, tels qu’Axa, essaient de se positionner sur des secteurs plus critiques où la couverture actuelle des évènements climatiques est bien plus rare comme les télécoms ou les énergies.
Il y a fort à parier que ce nouveau modèle d’assurance continue à se développer dans les années à venir, toutefois au regard de la protection des données cela pourrait être perçu comme un nouveau moyen de contrôle et d’intrusion et pourrait engendrer des débats sociaux. Mais pour l’heure, Le sujet a encore de nombreuses avancées à faire pour se démocratiser et devenir une composante intégrante de l’assurance moderne.